Voyager rend modeste. On voit mieux la place minuscule que l’on occupe dans le monde.

Gustave Flaubert

Après un trajet en TGV de Valence à Paris, et deux vols de Paris Roissy CDC (France) – Addis Abbeba (Éthiopie) – Kilimandjaro (Tanzanie) me voici arrivé au village de Arusha après 2 jours de voyage. Enfin prêt pour ce trek du Kilimandjaro sur 7 jours.

Pour organiser ce trek, je suis passé par l’agence Terres d’Aventure. L’avantage est de ne pas se soucier sur place de la logistique, de la tente ou encore de la nourriture. Ce qui m’avait aussi convaincu de les choisir, c’est qu’ils ont mis en place un partenariat avec l’Ifremmont basé à Chamonix. En cas de pépin durant le trek, nous pouvons contacter un médecin français via un téléphone satellite que le guide possède.

En consultant les différents treks sur le Kilimandjaro (5895m), j’avais opté pour la voie Machame car elle est considérée comme l’un des plus belles et la plus sauvage. Elle est sportive, mais progressive. Malheureusement la méteo ne nous a pas permis de profiter pleinement du paysage.

Fiche technique

Profil du dénivelé rencontré sur la voie Machame
Profil du dénivelé, montée par la voie Machame et descente par Mweka (image issue du site journaldutrek.com)

Photos du trek sur le Kilimandjaro

Arrivé à l’hôtel, dernier moment de confort avant plusieurs jours, c’est l’occasion de rencontrer les autres membres du groupe, et de papoter en sirotant la bière locale autour du comptoir. Nous serons un groupe de 9, dont la tranche d’âge varie entre la vingtaine et la soixantaine. Un beau mix de génération et une belle équipe 😉

Village chagga de Machame (1800m) – Machame Camp (2980m)

1er jour : 10 kms en 4h30 D+1200m : Départ en minibus pour deux heures de route vers le parc national du Kilimandjaro pour démarrer le trek depuis la Machame Gate. Durant ce trajet nous faisons connaissance avec nos guides. Une fois sur place, et les formalités réglées, nos affaires dont nous n’avons pas besoin dans la journée et les vivres sont répartis dans les sacs des porteurs. Nous assistons à la pesée, qui permet de contrôler la charge, au maximum 20 kilos par porteur, afin de les préserver.

C’est enfin parti pour 6 jours de marche. L’ascension démarre à travers la forêt tropicale, dans laquelle se mêlent caoutchoucs, fougères géantes, bégonias et ficus. Rapidement nous devons enfiler les vêtements de pluie et couvrir les sacs à dos car la pluie commence à tomber. Elle tombera encore dans la journée par intermittence.

Sur la dernière heure de cette étape, la végétation commence à changer, moins luxuriante, nous pouvons cependant observer des bruyères géantes. La montée est progressive, sans difficulté jusqu’à atteindre notre premier bivouac à Machame Camp. Le temps étant très nuageux, nous ne voyons toujours pas, et ce depuis notre arrivée, le sommet du Kilimandjaro.

Machame Camp (2980m) – Shira Cave (3840m)

2ème jour : 6 kms en 4h30 D+ 860m. Cette seconde journée démarre par un chemin escarpé à travers une savane de hautes herbes, de pierres volcaniques et de bruyères à barbes de lichen, puis nous apercevons les premiers séneçons géants. C’est une espèce locale, qui se développe essentiellement dans le Parc national du Kilimandjaro, pouvant mesurer jusqu’à deux mètres.

Ensuite le sentier plus escarpé nous conduit, à travers un paysage fantomatique de laves volcaniques, de grottes, de ruisseaux moussus au bord desquels poussent les séneçons, jusqu’au plateau de Shira. Le bivouac y sera installé.

Shira Camp (3840m) – Lava Tower (4640m) – Barranco Camp (3960m)

3ème jour : 12 kms en 6h30 D+790m / D-680m. Nous quittons le bivouac de Shira pour nous diriger vers le Kibo. La montée est régulière jusqu’au col de Lava Tower. Durant cette montée, le mal de tête est toujours aussi présent mais plus intense encore. Je me décide à prendre un cachet pour tenter de le calmer. Pour ne rien arranger, après la pluie, voila la neige qui commence à tomber.

C’est durant cette montée que je commence à avoir un mal de tête constant. Pour l’instant, je ne m’en inquiète pas. N’étant pas sujet à ces maux, je me dis qu’il va passer.

La descente vers le Barranco Camp nous amène au bord d’un gigantesque canyon, le Grand Barranco, dans lequel les séneçons poussent à foison.

Le fait d’être monté à 4640m puis de descendre à 3960m facilite notre acclimatation. Cependant l’altitude commence à se faire sentir et mon allure se fait désormais plus lente, et la respiration plus courte. J’ai du mal à récupérer et à retrouver ma vitalité habituelle.

Barranco Camp (3960m) – Karanga Camp (3995m)

4ème jour : 5 kms en 4h D+430 / D-350. Au levé du jour, la météo se fait désormais plus clémente. La journée commence par la montée de la grande muraille du Barranco (300m), quelques passages nécessitent de s’aider des mains. Ce sera d’ailleurs la seule partie « technique » de ce trek, car globalement il ne nécessite aucun équipement dédié à la haute montage (piolet ou crampons).

Après avoir alterné des montées et des descentes sur les flancs sud du Kilimandjaro, nous arrivons dans la vallée de Karanga.

Karanga Camp (3995m) – Barafu Camp (4640m)

5ème jour : 5 kms en 3h D+600. Cette étape sera pour moi la plus difficile, avec moins d’énergie, un mal de tête omniprésent, et une impression de ne plus voir la fin de cette étape. Les secondes semblent se transformer en minutes… Je sens réellement le manque d’oxygène, mon corps ne comprends pas ce qu’il se passe.

Nous montons ensuite une moraine afin d’atteindre le Barafu Camp. Mal en point, j’en fait part au guide qui décide d’appeler un médecin de l’Ifremmont et me confirme que ma grippe précédent le départ, n’est pas complètement guérie. Je la cumule ainsi avec la fatigue, le manque d’oxygène et le mal de tête incessant. Il me déconseille donc de ne pas prendre le départ dans la nuit pour le sommet.

Barafu Camp (4640) – Uhuru Peak (5895m) – Mweka Camp (3100m)

6ème jour : Après 3 jours avec le mal des montages, et avoir eu le médecin au téléphone, lors du départ je décide donc de ne pas prendre le risque de faire l’ascension finale de nuit dans mon état. Je descendrai alors dans la matinée avec un guide et deux autres collègues pour rejoindre Mweka Camp. Cette descente me semblait interminable, la fatigue aidant, je n’en voyais pas la fin. Ayant toujours mal au crane, chaque pas me rappelle le bonheur que c’est d’être en pleine santé et en pleine possession de ses moyens.

Le reste du groupe nous rejoindra en début d’après-midi, et nous apprendrons que certains n’ont pas réussi à atteindre Uhuru Peak dans la nuit.

Mweka Camp (3100m) – Mweka Gate (1640m)

7ème jour : Descente directe pour rejoindre la Mweka Gate. C’est l’occasion de constater une nouvelle fois, mais sur une période plus courte, le changement de végétation qui s’adapte en fonction de l’altitude. Ni une, ni deux nous voici à nouveau dans la forêt tropicale.

A Mweka Gate les diplômes sont remis à celles et ceux ayant atteint le sommet. Suivi ensuite d’un moment émouvant avec les adieux et les remerciements à l’équipe locale qui nous a accompagnée durant ce trek, les porteurs, le cuisinier et les guides. Un énorme merci à tous les acteurs pour toute cette logistique, parfaitement bien rodée ! C’était aussi une belle leçon d’humilité en les voyant nous remercier à leur tour car nous leur permettons de travailler et de gagner un meilleur qu’en plaine. Ça fait réfléchir…

Nous repartons rapidement dans un hôtel mis à disposition temporairement, le temps de prendre une douche, moment tant attendue depuis 6 jours, afin d’être présentable pour le vol du retour. Nous profitons une dernière fois du bar pour partager une bière et nos ressentis sur cette magnifique, et éprouvante aventure.

Photos de Uhuru Peak : Sommet du Kilimandjaro

Infos pratiques : N’ayant jamais été confronté à de hautes altitudes, je ne savais pas si j’allais être confronté au mal aigu des montagnes (MAM) ou pas. Outre un entraînement sportif préalable, je suis parti la fleur au fusil à propos du MAM. Si je devais le prévenir à l’avenir, je prendrais sur les bons conseils d’une amie Delphine, en homéopathie la Coca et j’utiliserais également en parallèle un masque Samozdrav pour augmenter mes globules rouges dans le sang. Ces méthodes naturelles me permettraient de favoriser l’acclimatation et d’éviter l’utilisation du Diamox avec ces éventuels effets secondaires.
En complément de ces recommandations, si j’avais eu le temps, j’aurais auparavant fait l’ascension du Mont Méru à 4565m pour augmenter d’autant plus mes chances d’atteindre le sommet.

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