Après le GR20 en Corse, le Kilimandjaro en Tanzanie, je voulais m’attaquer au Tour du Mont Blanc (TMB). Trek d’environ 170 kms, 10 kms de dénivelé, qui traverse 3 pays : démarre en France, puis traverse l’Italie et la Suisse pour revenir à la case départ. C’est une boucle ayant en son centre, le Massif du Mont Blanc avec un spectacle saisissant des glaciers tout proches.

Longtemps repoussé, à cause notamment de la crise sanitaire (et les joies du confinement), ce trek emblématique a pu se réaliser en septembre 2021. J’ai démarré avec une bonne préparation physique pour le faire, si la météo était favorable, en moins d’une semaine. En général, le tour se fait entre 7 et 11 jours en fonction de votre condition et de votre objectif, qu’il soit sportif ou plutôt contemplatif.

Je n’avais pas réservé l’hébergement car je souhaitais avancer à mon rythme chaque jour. J’ai donc préféré alterner entre nuits en refuge et bivouac pour me laisser cette liberté.

Fiche technique

Photos

Jour 1 – 25 kms

Le départ s’effectue depuis Les Houches. Je n’ai pas trouvé de suite le départ car je me suis garé sur le grand parking, permettant de laisser son véhicule plus d’une semaine. L’indication n’est pas claire venant de ce côté. Après avoir tourné 5 minutes, j’ai décidé de couper par la piste de ski pour rejoindre l’itinéraire plus haut. Après 30 minutes de marche, je rejoins le tracé original. Pour preuve, les nombreux randonneurs que je dépasse sur mon chemin.

D’ailleurs, je croise régulièrement des randonneurs en solo ou en groupe venant des quatre coins du globe, Etats-Unis, Chine et Europe. Après 4 heures de marche, passé le Col de Colza à 1663m, croisé le petit train à crémaillère qui grimpe au Nid d’Aigle et rejoins la vallée, je fais une pause casse-croute après avoir traversé Les Contamines-Montjoie. J’y retrouve sur un banc un compagnon de route qui va me suivre (ou plutôt que je vais essayer de suivre) durant les deux jours à venir. Yann est un belge d’une trentaine d’années, vétérinaire bovin dans le nord de la France qui compte effectuer le tour en 6 jours en s’arrêtant en Suisse. Il a un rythme effréné, et je le retrouve en général lors de ses pauses.

On repart en empruntant la voie Romaine. La première nuit sera en bivouac, avant le Col du Bonhomme. Arrivant en fin de journée, la température commence à chuter, nous sommes déjà à plus de 2000 mètres d’altitude. Au sommet, il fait un vent à décorner les bœufs 🍃. En trouvant une zone relativement plate et dégagée, nous plantons rapidement nos tentes respectives et mangeons tout aussi rapidement un plat chaud pour se réchauffer.

Jour 2 – 32,5 kms

Après une bonne nuit de sommeil, et les mains gelées par le froid saisissant en repliant le matériel, nous reprenons la marche pour franchir respectivement le Col du Bonhomme et le Col de la Croix du Bonhomme à 2463m. Je croise un bouquetin avant d’entamer ensuite une très longue descente vers les Chapieux. Direction à présent l’Italie par la vallée. Je traverse successivement Ville-des-Glaciers et les Mottets. La montée débute progressivement jusqu’au Col de la Seigne à 2515m, frontière avec la France et l’Italie et offre un magnifique panorama sur le Val d’Aoste. Je descends ensuite rapidement pour rejoindre le refuge d’Elisabetta et traverser le Val Véni. Lors de la prochaine ascension, je retrouve Yann. Nous allons rejoindre ensemble le refuge Maison Vieille au col Chécrouit à 1950m. Yann va continuer pour passer sa seule nuit tout confort dans un hôtel à Courmayeur. Dans le refuge, je rencontre deux jeunes femmes du Quebec que j’avais déjà croisées plus tôt dans la journée. Elles vont malheureusement arrêter plut tôt que prévu l’aventure car l’une d’elle s’est tordu la cheville, et l’autre a les pieds constellés d’ampoules. Le soir, lors du bon repas italien, je fais la connaissance d’Alex qui va m’accompagner sans le savoir sur les deux prochains jours.

Jour 3 – 24,5 Kms

Au départ, le hasard fait que je retrouve après le petit déjeuner Alex avec qui nous allons faire un bout de chemin ensemble. Il est développeur Java (si ma mémoire est bonne) après avoir été coiffeur sur Lyon. Il souhaite lui aussi effectuer le tour le plus rapidement possible. La descente vers Courmayeur est raide, poussiéreuse mais se fait rapidement. Nous traversons cette belle ville de montagne (l’équivalent de Chamonix en France), en s’égarant en centre-ville car les repères se font plus discrets. Une fois revenu sur le bon tracé, on attaque la montée vers le refuge de Bertone à 2000m pour rejoindre ensuite par une belle traversée en balcon celui de Bonatti à 2030m. C’est sincèrement l’un des plus beaux refuges que j’ai vu sur ce trek. C’est un magnifique chalet à flanc de montage bénéficiant d’une vue splendide. S’enchaine une descente dans la vallée, pour remonter à nouveau et atteindre enfin le refuge Elena à 2050m pour une bonne nuit de sommeil.

Pour la petite anecdote, après un malentendu avec l’hôtesse d’accueil, il était possible d’y dormir mais pas d’y manger pour l’un d’entre nous. On se demande bien pourquoi une personne en plus pose problème sur 30 réservations. En lui faisant bien comprendre notre étonnement, nous partageons tout de même une bière. Durant ce temps, elle demande au cuisinier de faire une exception à la règle et elle viendra nous annoncer la bonne nouvelle. Je ne mangerai donc pas seul dans mon coin les restes du casse-croute 😉

Jour 4 – 41,5 kms

Après une bonne nuit toujours aussi bénéfique, nous entamons la montée vers le Grand Col Ferret à 2530m, frontière entre l’Italie et la Suisse. Au sommet, Alex ayant une douleur au genou qui se réveille dans les descentes, ça va lui compromettre la suite du trek. Il décide alors d’aller voir un autre sommet et réduire le rythme sur les jours suivants pour retrouver sa chérie au-dessus de Chamonix. Je descends donc en solo sur les pentes herbeuses pour rejoindre l’alpage de la Peule, traverser Ferret et la Fouly. Ensuite, c’est une partie reconnue comme la moins intéressante de la boucle car en grande partie dans la forêt, donc sans visibilité sur le Mont Blanc. Je décide donc de faire du stop pour m’avancer. Après plusieurs minutes, je constate que je n’ai pas de succès auprès des Suisses, qui s’inquiète probablement à la vue d’un randonneur. Par chance, un couple d’allemands plus compréhensifs, venu passer quelques jours de vacances dans le secteur, s’arrêtent et me déposent à Orsières. C’est l’occasion de pratiquer mon anglais quelque peu rouillé. Je coupe alors à travers la montagne pour rejoindre Champex-Lac à 1450m. Au final, je ne sais pas si j’ai gagné du temps. Mais en arrivant, la vue sur le lac de Champex est une magnifique récompense. J’en profite pour casser la croute et récupérer des forces dans ce cadre idyllique. Un musicien s’essaie à la trompette, et semble être un habitué des lieux. Un Suisse venant régulièrement en vacances me dit qu’il ne s’est pas amélioré depuis le temps 😉. La suite du trajet est bucolique à travers les prairies et les chalets suisses. Dans la forêt, la montée vers la Bovine est progressive pour ensuite rejoindre le Col de la Forclaz, et redescendre pour bivouaquer à Trient. La fatigue commence sérieusement à se faire sentir.

J’y rencontre lors d’un repas partagé de nouvelles têtes, la plupart la trentaine, dont Mathilde, une kiné d’Aix-en-Provence, (ou de Marseille, sa ville de cœur) avec qui je terminerai le trek. Je l’avais croisé d’ailleurs à plusieurs reprises, ou plutôt elle m’avait doublé avec son fidèle acolyte.

Jour 5 – 28 kms

Après avoir plié la tente, c’est parti pour une énième montée vers le Col de la Balme à 2191m où je bascule à nouveau en France pour franchir ensuite les Aiguillettes des Posettes. La vue sur la vallée de Chamonix offre un splendide panorama. Mathilde me rejoint peu de temps après. Puis, nous suivons la ligne de crête pendant quelques kilomètres avant de redescendre vers Tré le Champs, et remonter vers la Tête aux vents à 2130m. Contre toute attente, nous attaquons une nouvelle descente pour ensuite remonter et traverser les Aiguilles Rouges et rejoindre le Col du Brévent à 2368m. Nous bénéficions alors d’une vue à 360° où nous prenons un chocolat chaud pour reprendre des forces et profiter du magnifique panorama, même si les nuages sont omniprésents. Ce sera la seule journée nuageuse sur ces 6 journées. Durant l’ascension, nous croisons dans le désordre une colonie de militaire et des bouquetins.

Nous repartons les batteries rechargées vers le refuge de La Flégère. Mais avant d’y arriver, nous arrivons à un carrefour nous permettant d’aller voir les lacs d’altitude, dont le Lac Blanc. En discutant avec un couple de randonneurs, ils finissent par nous convaincre de faire ce détour. Ayant encore le courage et l’énergie, nous voilà repartis pour prolonger le plaisir. Après avoir dégusté une bonne bière accompagnée d’une crêpe tout aussi bonne, nous redescendons vers le refuge de La Flégère pour partager le diner avec un couple d’ami de Mathilde. Je file ensuite rapidement dans les dortoirs pour retrouver les bras de Morphée.

Jour 6 – 16,5 kms

Après avoir passé une nuit agitée car des rats sont venus me rendre visite (ou plutôt à mon sac dans lequel j’avais oublié de retirer une barre de céréales) durant la nuit, nous entamons la dernière longue et monotone descente vers Les Houches au petit matin. Nous avons tous les deux hâtent d’arriver pour prendre une bonne douche dans un camping avant de reprendre la route chacun de son côté.

C’était une chouette aventure, agrémentée de belles rencontres avec son lot d’échanges riches et variés, tout en ayant presque constamment une vue sublime sur le majestueux massif du Mont-Blanc dont je ne m’en suis jamais lassée. La renommée internationale de ce trek est vraiment justifiée. Je suis vraiment content de l’avoir fait, des souvenirs encore plein la tête.   

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